Faible ou vulnérable ?
Bien que le terme n’apparaisse pas dans la législation routière officielle, la notion d’ « usagers faibles » fait partie du langage de tous les jours, généralement pour décrire les piétons ou cyclistes. Ces derniers sont les premiers à déplorer cette malheureuse appellation.
L’expression « usagers faibles » renvoie immédiatement à une position inférieure du cycliste ou du piéton par rapport à un automobiliste. Dans la circulation, nous devrions plutôt considérer la relation des différentes catégories d’usagers en fonction de la sécurité et du respect que les groupes devraient témoigner les uns envers les autres. En tant qu’automobiliste, vous vous sentez comme un usager extrêmement faible quand un cycliste quitte soudainement la piste cyclable sans regarder autour de lui ou vérifier si nous pouvons réagir en sécurité en tant que conducteurs... Le conducteur de camion avec son chargement de 40 tonnes dans sa remorque ne se sent absolument pas l’usager « fort » lorsqu’une voiture lui coupe la route à la sortie d’une autoroute. La manière dont se comportent les usagers les uns envers les autres dans ce type de situation tient davantage du respect, de la compréhension et de la perception du risque que du type de véhicule avec lequel l’on se déplace dans la circulation.
De plus en plus d’experts de la circulation et autres spécialistes du monde de la sécurité routière remplacent le terme usager faible par usager doux ou mieux encore usager vulnérable. Un cycliste ou piéton est uniquement un usager faible si un autre participant au trafic manque de prudence ou adopte un style de conduite agressif. Il est un usager vulnérable en raison de la nature de son véhicule, de l’infrastructure routière, des circonstances.
En outre, nous devons reconnaître que vu l’interaction entre les différentes catégories d’usagers dans la circulation, notre connaissance du code de la route est très relative. Cette connaissance n’a de sens que si nous pouvons garantir à 100% que l’autre usager connait également les règles. Vous vous sentez en sécurité lorsque vous franchissez un carrefour et que le feu est vert car vous savez que tous les autres s’arrêtent au feu rouge. Cette certitude vous parfois défaut dans des situations impliquant des usagers vulnérables. En tant qu’automobiliste, vous pouvez être convaincu que vous être priorité lorsqu'un cycliste est sur le point de s'engager sur une traversée cycliste. Mais cette conviction ne vaut rien tant que vous n'êtes pas totalement sûr que le cycliste connaisse également les règles de la circulation. Vous devez donc faire montre de prudence à l’approche d’une traversée cycliste.
Vous ne pouvez devenir automobiliste qu’à partir d’un certain âge, qu’une fois que vous avez passé des examens prouvant votre connaissance du code de la route et vos aptitudes au volant. Mais chacun d’entre nous est piéton et ces restrictions ne valent pas non plus pour les cyclistes ou les utilisateurs d’engins de déplacement en tous genres.
Adopter une conduite défensive signifie par conséquent utiliser son bon sens. Toujours. Même quand l’autre part à la faute.
© Ludo Camberlin
Coordinateur formations à la conduite
Auto-école Mercator
